Et surtout, que révèle l’histoire de la réalisation du projet hga sur l’état d’esprit et les conceptions des historiens, en particulier des historiens africains, de l’époque ? Retrouvez Histoire générale de l'Afrique, tome 2 : Afrique ancienne et des millions de livres en stock sur Amazon.fr. C’est le cas de l’éditeur Charles Smith, des éditions Simon and Schuster51, et de Philip Curtin qui, en 1980, dans ses commentaires sur certains chapitres du volume VII, estime que l’approche est trop « afro-centrée » et qu’on est passé d’un extrême à l’autre : alors qu’avant on écrivait l’histoire de l’Afrique du Sud en ne parlant que des Blancs, désormais on ne parle que des populations africaines d’Afrique du Sud52. 85 Vol. 11 : C. Coquery-Vidrovitch, « Les changements économiques en Afrique dans le contexte mondial (1935-1980) », p. 323, citation p. 345. 16Pour Jan Vansina (1993), les années 1971 à 1978 ont été des « années difficiles », notamment à cause des réticences des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’urss à ce projet trop afro-centré à leur goût. Parmi les rédacteurs, les historiens africains sont largement représentés (comme Joseph Ki Zerbo, Cheikh Anta Diop et Amadou Hampaté Bâ), constituant les deux-tiers des membres du Comité scientifique international chargé de superviser la rédaction. Les « nouveaux historiens » de l’Afrique (dont Cheikh Anta Diop) s’efforcent d’utiliser des sources africaines et notamment archéologiques, par réaction à l’utilisation exclusive de sources extérieures comme cela avait été le cas jusqu’alors. 47 85 EX/10 Rev. L'Histoire générale de l'Afrique est une œuvre pionnière, à ce jour inégalée dans son ambition de couvrir l'histoire de la totalité du continent africain, depuis l'apparition de l'homme jusqu'au enjeux contemporains auxquels font face les Africains et leurs Diasporas dans le monde. ... II est consacrée à la civilisation de l’Égypte ancienne en raison de sa place éminente aux premiers temps de l’histoire de l’Afrique. C’est aussi un exploit de la coopération scientifique internationale : un projet collectif de savants dispersés sur différents continents, à l’ère d’avant l’Internet. 5 Augustin Gatera, Interview, 31 janvier 2013. du 8 août 1979, par B. L e volume I de l’Histoire générale de l’Afrique de l’UNESCO traite de la préhistoire africaine et la méthodologie de l’ouvrage. 109 C. Coquery-Vidrovitch, Interview, 5 février 2013. Download Histoire Générale de l'Afrique - Tome 6 PDF EPUB DJVU. Le fait que l’Unesco ait lancé, après l’hga, d’autres projets historiographiques sur le même modèle, peut être considéré comme un signe du succès du projet129. Among the writers were important African historians and intellectuals like Joseph Ki Zerbo, Cheikh Anta Diop, and Amadou Hampaté Bâ. L'histoire de l'Afrique commence avec l'apparition de l'espèce humaine dans la corne de l'Afrique, il y a environ 2,5 millions d'années.Le continent est considéré comme le berceau de l'humanité, à partir duquel, il y a 200 000 ans environ, l'homme moderne s'est étendu sur le reste du globe. Il dénonce aussi la domination des multinationales en Afrique (ibid. Plateforme : ZOOM . Jan Vansina insiste lui aussi sur le problème des retards, observant que par exemple son chapitre pour le volume v, accepté en 1978, n’a été publié qu’en 1992, quatorze ans plus tard, et déplore le caractère obsolète de nombreux textes à leur publication. Bien qu’il n’y ait alors pas beaucoup d’historiens africains7, l’Unesco parvient à nommer comme directeurs de volumes des historiens africains de valeur : pour le volume i, Joseph Ki-Zerbo (Présence Africaine 2006 ; Abdelmadjid 2007) ; pour le volume ii, l’Égyptien Gamal Mokhtar, professeur d’histoire ancienne à l’Université du Caire ; pour le volume iii, le Marocain Mohamed el Fasi, historien et ancien ministre de l’Éducation nationale et des Beaux Arts de son pays ; pour le volume IV, le Guinéen Djibril Niane, spécialiste de l’empire du Mali et de collecte d’histoire orale8 ; pour le volume V, le Kenyan Bethwell A. Ogot ; pour le volume vi, le Nigérian Jacob Festus Ade Ajayi, professeur d’histoire et recteur de l’Université de Lagos et l’un des principaux représentants de l’« École d’Ibadan », école historique née au Nigeria dans les années 1950 et influente jusque dans les années 19709 ; Ade Ajayi a innové par l’emploi de sources orales ; mû par le nationalisme, il a mis l’accent sur les forces religieuses à l’origine de l’émergence du Nigeria moderne ; pour le volume vii, le Ghanéen Adu Boahen ; pour le volume viii, le Kényan Ali Mazrui, assisté à partir de 1984 de l’Ivoirien Christophe Wondji, agrégé d’histoire. 54 CLT/CID/89 : évaluation de l’HGA, juin 1992, pp. », citations pp. 1. %�쏢 C’est dire l’importance de l’Histoire générale de l’Afrique, en huit volumes, dont l’UNESCO a entrepris la publication. Le volume 4 couvre l'histoire de l'Afrique du 12e au 16e siècle. 123 CLT/CID 4 : doc. Elle commence avec la préparation d’une version abrégée de l’hga, en huit volumes aussi mais de taille deux fois plus petite. Histoire générale de l'Afrique - Volume 2, Afrique ancienne PDF. Une réunion est organisée, mais finalement ce volume ix ne sera pas réalisé31. L'Histoire générale de l'Afrique sera, avant tout, une histoire des idées et des civilisations, des sociétés et des institutions. 30Enfin, par souci d’un texte afro-centré, certains termes sont bannis, par exemple le terme de « collaborateurs » pour désigner les Africains ayant soutenu les Européens pendant la période coloniale : pour Adu Boahen, ce terme est « eurocentrique » et, depuis la Seconde Guerre mondiale, « péjoratif »48. 7Si un effort a été fait pour représenter de manière équitable les Africains par rapport aux Occidentaux, en revanche l’équilibre hommes/femmes est loin d’être respecté ; seulement deux femmes figurent parmi les trente-neuf membres du comité : Mutumba Mainga Bull, Zambienne, historienne de l’Afrique australe, professeure à l’Université de Lusaka, et A. Jones, Libérienne, spécialiste de l’histoire du Liberia, professeure à l’Université du Liberia à Monrovia. For this project, important archival and oral tradition collection was made. », où il dénonce le « pillage » de l’Afrique par les impérialistes et « la réalité étouffante de la domination et de l’exploitation néocoloniales, imposées de l’extérieur par l’impérialisme et soutenues de l’intérieur par les régimes néocoloniaux en place » (Unesco 1981 : 152-154)90. A Study in Historical Methodology, London, Routledge & Kegan. 16 CLT/CID/89 : rapport sur les projets d’histoire, décembre 1992, par Christophe WONDJI, p. 7. Découvrez Histoire de l'Afrique Noire d'hier à demain le livre de Joseph Ki-Zerbo sur decitre.fr - 3ème libraire sur Internet avec 1 million de livres disponibles en web, tablet, and phone. NOM DE FICHIER: Histoire générale de l'Afrique, tome 2 : Afrique ancienne.pdf, AUTEUR: Unesco. 26 CLT/CID 4 : mémo Unesco, février 1987 (bulletin pour la presse). Elle n’hésite pas à critiquer le déroulement du projet et la qualité du travail, et déplore de n’être pas assez associée au projet25. 8 Il publie en 1960, Soundjata, ou l’épopée mandingue, récit qu’il a collecté oralement par le récit du griot Djeli Mamoudou Kouyate. Enfin, Ali Mazrui, dans le premier chapitre du volume viii, appelle l’Afrique à « se soustraire à l’emprise du néocolonialisme occidental » (ibid. A. Boahen, sur les « initiatives et réactions » des Africains49. Ainsi un autre passage où A. Mazrui désigne Mobutu comme responsable de la mort de Lumumba est finalement lui aussi effacé83. Le numéro 5, consacré à la décolonisation de l’Afrique australe et de la corne de l’Afrique, publié en 1981, aborde la lutte pour la libération de l’Afrique australe ; ce volume contient des textes très engagés comme celui de l’Éthiopien Hagos G. Yesus « Néo-colonialisme ou décolonisation ? 94 CLT/CID/136 : lettre de Mamadou Seck à DIR/CC/CSP, 16 novembre 1988 ; CLT/CID 4 : rapport de mission de Jeanette Coulibaly, 29 juillet 1987, par J. Vansina, 1993. La première partie du volume examine l’importance accordée par les sociétés africaines à leur passé, et la croissance et l’évolution de l’historiographie africaine, et donne un aperçu général des sources et des techniques. 8 0 obj Chloé Maurel, « L’histoire générale de l’Afrique de l’Unesco », Cahiers d’études africaines [En ligne], 215 | 2014, mis en ligne le 02 octobre 2016, consulté le 19 février 2021. 108 CLT/CID/89 : rapport sur les projets d’histoire, décembre 1992, par C. Wondji. & Oliver, R. C’est le cas par exemple des chapitres écrits par Catherine Coquery-Vidrovitch sur l’histoire économique de l’Afrique : dans le volume vii elle souligne le bilan « négatif » de l’économie coloniale, soulignant la « misère » et le « désarroi » engendrés chez les populations (Unesco 1987, vii : 411)84. Les retards sont aussi dus à la « lenteur des circuits de communication entre comités et secrétariat, entre membres de ces comités et entre ceux-ci et les auteurs »95, comme l’analyse Christophe Wondji. Un document de l’Unesco de 2009 reconnaît que l’hga « reste encore inaccessible au grand public ». Dès les années 1980, certains pays d’Afrique se montrent très intéressés à diffuser les ouvrages et à en assurer la promotion, comme la Zambie105 et l’Algérie106. 5 : 1999 ; vol. 45La procédure d’écriture, qui prévoit de nombreuses relectures et un processus de validation rigoureux, permet d’éliminer les passages polémiques. L'Histoire sera envisagée essentiellement de l'intérieur. Dans cet esprit, à partir de 19641, l’Unesco a promu la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique (hga). Dans plusieurs autres pays, comme le Kenya, le Zimbabwe, l’Afrique du Sud, l’ouvrage est bien accueilli au début des années 1990107. 7 & 8, 1984) ; et de la collaboration entre historiens du Nord et du Sud suscitée par le projet128. 2. Sa traduction dans les langues africaines est encore inachevée. Ainsi, pour l’historien américain Patrick Manning, au total « la HGA a été plus diffusée auprès du lectorat que la Cambridge History »116. Mais pour l’instant, il n’y en a pas : il n’y a que l’histoire des européens en Afrique. Tome 2 Mohamed Gamal El-Din Mokhtar (Auteur) 5 ( 1 ) Carte Fnac+ à 7,99 pendant 1 an pour tout achat-5% livres en retrait magasin 55 156 EX/10 Rev, Paris, 20 mai 1999, 3.5.3 : « Suivi du projet d’histoire générale de l’Afrique ». I, pp. Dans cette publication, le continent est considéré dans son ensemble, ce qui atteste de l’inspiration panafricaine du projet. Les auteurs des chapitres sont aussi choisis par le comité. Abdelmadjid, S., 2007, « Joseph Ki-Zerbo, le savant, le politique et l’Afrique », Esprit, 8-9 : 83-108. : 44), et, dans la postface du volume viii, accuse l’Europe d’avoir « sous-développé » l’Afrique (ibid. VIII, les chap. 9-10-15 ; même phrase dans ODG 3/52 : doc. l'histoire de l'Afrique », qui comprend les volumes suivants : 1. 3Comment, en pratique, un projet collectif aussi ambitieux a-t-il été possible ? Chinweizu, D., 1975, The West and the Rest of Us : White Predators, Black Slavers, and the African Elite, New York, Vintage Books. Fauvelle, F.-X., 1996, L’Afrique de Cheikh Anta Diop : histoire et idéologie, Paris, Karthala (« Tropiques »). En revanche, il suscite des réactions parfois critiques des Américains associés au projet. <> 14L’association des historiens africains, créée en 1973, participe comme observateur, à partir de 1975, aux réunions du comité. Mais elles ne joueront pas un rôle actif dans le projet13. L’Histoire générale de l’Afrique est une œuvre pionnière, à ce jour inégalée dans son ambition de couvrir l’histoire de la totalité du continent africain, depuis l’apparition de l’homme jusqu’au enjeux contemporains auxquels font face les Africains et leurs Diasporas dans le monde. Cette « vision de l’intérieur » est considérée par Christophe Wondji comme le trait par lequel la hga se différencie de la Cambridge History of Africa, cette dernière étant jugée plus eurocentrique39. Wondji observe qu’après l’euphorie initiale il y a eu une période d’« acceptation critique » : le travail est jugé bon, mais considéré comme long et coûteux. 87 Vol. Histoire générale de l'Afrique, tome II : Afrique ancienne. « Tous ces projets visaient à combler les lacunes constatées dans l’Histoire de l’humanité », comme l’observe le conseil exécutif de l’Unesco33. 55En 1992, faisant un bilan des difficultés du projet, Christophe Wondji estime aussi que le mécanisme des « gigantesques comités scientifiques internationaux » est trop lourd et devrait être remplacé par la suite par « une petite équipe de travail » ; il estime aussi qu’« il y a lieu d’arrêter les versions linguistiques dont les marchés potentiels sont extrêmement réduits […]. Naumann, K., À paraître « Avenues and Confines of Globalizing the Past : UNESCO’s International Commission for a “Scientific and Cultural History of Mankind” (1952-1969) », in M. Herren (ed. 26Pour redonner son identité propre à l’Afrique, les efforts des acteurs de l’hga passent notamment par le « rétablissement de la terminologie authentique », dans les noms de lieux ou de peuples ; ainsi, Hottentot est remplacé par Khoi-Khoi, Bushman par San44. 103 CLT/CID/89 : évaluation de l’HGA, juin 1992, p. 5. Pour les articles homonymes, voir HGA. 73 CLT/CS/8 : lettre de A. Letnev, février 1973 ; CLT 1982-83 CAB/7/68. En montrant que dans l’Antiquité et au Moyen-Âge existaient en Afrique des systèmes politiques et économiques très évolués, l’ouvrage vise à valoriser l’histoire et la culture africaines, à donner à l’identité africaine une « conscience historique rénovée » (Unesco 1980, I : 9-10, 13, 15). El Fasi,M (dir) Histoire générale de l'Afrique, tome III, l'Afrique du VIIe au XIe siècle, Unesco, 1 Le projet de l'HGA a son origine dans la résolution de la conférence 2 Parmi les rédacteurs de l'Histoire générale de l'Afrique, les historiens peuvent télécharger les références bibliographiques pour lesquelles Bilbo a trouvé un DOI.. pdf>. 56L’Unesco vise une large diffusion de l’hga, il s’agit de toucher tous les publics, des spécialistes avec la version intégrale, au grand public avec la version abrégée, aux enfants avec les manuels et les bandes dessinées, et même les « paysans analphabètes, en particulier grâce à des enregistrements sur cassettes »102. « Sa forme et son coût prohibitif en rendent la large distribution difficile.
L'histoire générale de l'Afrique de l'Unesco Un projet de coopération intellectuelle transnationale d'esprit afro-centré (1964-1999) Unesco's General History of Africa. Le directeur général de l’Unesco a des échanges à ce sujet avec le pasteur Jesse Jackson qu’il rencontre à l’Organisation de l’unité africaine (oua) et ce dernier se montre « très enthousiaste » pour collaborer aux activités de l’Unesco62. Présence Africaine, 2006, « L’histoire africaine : l’après Ki-Zerbo/African History : After Ki-Zerbo », Numéro spécial, 173. L’Histoire de l’Afrique constitue un jalon historiographique important. 18 Catherine Coquery-Vidrovitch, Interview, 5 février 2013. 128 P. Manning, Interview, 10 février 2013 ; A. Gatera, Interview, 31 janvier 2013. 57 Conseil exécutif, 156 EX/10 Rev, Paris, 20 mai 1999, 3.5.3 : « Suivi du projet d’histoire générale de l’Afrique ». 10 Archives Unesco (désormais tous les documents d’archives cités viennent des archives de l’Unesco) ; CLT/CID/89 : évaluation de l’HGA, juin 1992. L’ouvrage, mettant l’accent sur l’histoire culturelle africaine, se livre à une analyse de la tension que connaissent les intellectuels africains entre culture autochtone et culture occidentale, et du risque de perte de l’identité culturelle africaine. 11 à 30 traitent tous de l’Afrique entière. Vansina, J., 1965, Oral Tradition. La tendance dominante de cette École est le nationalisme et la volonté de glorifier l’histoire précoloniale. 37 A. M. M’Bow, préface à l’HGA, vol. Pour certains pays, cette attitude favorable se poursuivra au-delà, comme pour l’Afrique du Sud qui, en 2003, fait envoyer la collection complète à toutes les écoles du pays (Saunders 2006). 129 P. Manning, Interview, 10 février 2013 ; Jan Vansina (1993). Études et documents, 8 »). Unesco (Collectif), 1984, La méthodologie de l’histoire de l’Afrique contemporaine, Paris Unesco (« Histoire générale de l’Afrique. De plus, le texte de l’hga est favorable à l’urss : ainsi le chapitre du volume viii consacré à « L’Afrique et les pays socialistes » est très favorable à cette dernière, soulignant qu’elle a apporté beaucoup de coopération aux pays africains, et, estime-t-il, de manière « désintéressée ». La publication de la version arabe s’est heurtée à la difficulté de trouver un éditeur (Vansina 1993). Une réunion sur ce sujet s’est tenue en 1986 à Dakar, une autre en 1989 à Nairobi, une troisième à Tripoli en 1999 ; il est recommandé que ces manuels soient « écrits dans une perspective continentale »124. 5En plus de ces directeurs de volume, il y a un comité scientifique international de trente-neuf membres, mis en place en 1971, et qui se réunit en moyenne tous les deux ans jusqu’en 198510 ; et en son sein, un bureau de huit membres se réunit une fois par an. VII, chap. Histoire Ancienne de L'Afrique Du Nord. 92 CLT/CID/89 : évaluation de l’HGA, juin 1992 ; C. Coquery-Vidrovitch, interview ; CLT/CID 4 : briefing pour le DG, 31 octobre 1987. « Si les grands savants sont souvent peu disponibles, les savants de moindre envergure mais de grande disponibilité ont souvent peu de moyens techniques pour être en mesure de respecter les délais » ; « coincé entre le désistement de l’un et le retard de l’autre, le Secrétariat trouve une porte de sortie dans le recours à un troisième auteur ; mais la courbe du retard aura irrésistiblement monté »100. Il y identifie les fléaux économiques et sociaux qu’a fait surbir l’Europe capitaliste à l’Afrique. Les historiens qui l’écrivent s’efforcent d’utiliser des sources locales et notamment archéologiques. La réalisation de l’hga donne lieu à d’importants travaux de documentation et d’inventaire, à des campagnes de collecte de la tradition orale et de manuscrits inédits, à la préparation d’un Guide des sources de l’histoire de l’Afrique et d’une collection d’« études et documents » sur l’histoire de l’Afrique (Unesco 1984), et à des rencontres entre spécialistes. Il considère qu’« aujourd’hui, […] une grande partie de la coopération régionale ne sert pas les intérêts des pays africains mais ceux des organismes d’aide étrangers, des consultants et des sociétés transnationales » (ibid. 90 HGA : Études et documents, no 5 : La décolonisation de l’Afrique : Afrique australe et corne de l’Afrique, Paris, Unesco, 1981, p. 151 ; H. G. Yesus, « Néo-colonialisme ou décolonisation ? Cette entreprise constitue aussi un témoignage intéressant de la volonté de nombreux Africains de produire eux-mêmes les savoirs sur leur histoire et leur culture. Ki-Zerbo, J., 1972, Histoire de l’Afrique noire. Le texte revalorise le passé précolonial de l’Afrique. 31Ce point de vue panafricain de l’hga répond à une véritable demande des intellectuels africains de l’époque50. Au fur et à mesure de la réalisation du projet, la réalisation traînant en longueur, le financement par le budget ordinaire de l’Unesco est loin de suffire, et des financements extrabudgétaires deviennent nécessaires. Finalement en 1992 le total du budget de l’hga s’élève à 1 202 000 dollars, dont 700 000 dollars de fonds extrabudgétaires54. 95 CLT/CID/89 : rapport sur les projets d’histoire, décembre 1992, par C. Wondji. La subvention libyenne permet notamment la publication dans les années 1990 de quatre volumes en arabe ainsi que les volumes des versions linguistiques africaines (hawsa, kiswahili). 23Amadou Mahtar M’Bow souligne l’ambition politique de L’histoire de l’Afrique. 1 l histoire générale de l afrique pourquoi ment. Vansina, J., 1993, « Unesco and African Historiography », History in Africa, 20 : 337-352. 8 févr. Statuts du comité scientifique international pour la rédaction et la publication d’une HGA. Quel rôle l’histoire de l’Afrique peut-elle jouer pour répondre aux conséquences sociales et humaines de la pandémie du COVID-19 sur le continent ? intitulé « participation de l’association des historiens africains au projet d’HGA », 10 mai 1979 ; CLT/CID/157, doc. Curtin, P., 1969, The Atlantic Slave Trade : A Census, Madison, University of Wisconsin Press. Toutefois, pour Manning, « chacune des deux Histoires était influente à sa manière »117. Concernant la réception aux États-Unis, P. Manning estime qu’au moment de la parution des livres, un intérêt est apparu chez les historiens afro-américains et peut-être dans la communauté afro-américaine. AccueilNuméros215Études et essaisL’histoire générale de l’Afrique ... Les années 1960-1970 sont marquées par un intense travail de réappropriation de leur histoire par les peuples africains. 1 : A. Cette période constitue une période cruciale dans l'histoire du continent au cours de laquelle l'Afrique a développé sa propre culture et où les documents écrits deviennent plus fréquents. 12h – 14h (T.U), 14h – 16h (GMT+2) Note Conceptuelle . 25 : E. Kodjo et D. Chanaiwa, « Panafricanisme et libération », p. 819. 1 Le projet de l’HGA a son origine dans la résolution 3.442 de la conférence générale de l’Unesco (13e session). Toutefois, sur la trentaine de membres du comité scientifique, peu à peu il apparaît que seule une petite moitié participe vraiment aux échanges ; « les membres les plus assidus sont surtout les membres du Bureau, les directeurs de volumes et une dizaine de membres du comité », observe une évaluation de l’hga en 199224. 76 Vol. Saunders, C., 2006, « The General History of Africa and Southern Africa’s Recent Past », Présence Africaine, 173 : 117-126. 116 P. Manning, Interview, 10 février 2013. À plusieurs reprises dans les documents de l’Unesco et dans le texte des publications réalisées (ibid. A. Boahen, « L’Afrique face au défi colonial », pp. VII, chap. Il y avait d’ailleurs des frictions entre l’École d’Ibadan et les africanistes de Grande-Bretagne et des États-Unis d’Amérique, qui jugeaient les membres de l’École d’Ibadan insuffisamment objectifs et trop impliqués politiquement. Plusieurs de ces affirmations peuvent apparaître aujourd’hui datées, en tout cas elles apparaissent étonnantes dans une publication rédigée sous l’égide d’un organisme onusien, car ce genre de publications se caractérise généralement par un caractère très prudent et consensuel. 20Dans l’ouvrage, le continent africain est souvent considéré comme un tout36. 58 CLT 1982-83 CAB/7/68 : lettre de M. Makagiansar au DG, 6 mai 1983 ; CLT/ CS/8 : lettre de M. Makagiansar, ADG/CLT, au DG, 6 mai 83 ; et CLT/CS/11 : plusieurs lettres de la Commission nationale libyenne. L’accent doit désormais être mis sur les éditions abrégées ayant un public plus large »101. Télécharger Histoire Générale de l'Afrique - Tome 8 PDF EPUB DJVU. VII, chap. le continent africain site officiel de l académie de. Cela a peut-être induit une place importante accordée au phénomène religieux, notamment chrétien, dans l’hga. L’ouvrage se veut aussi « le reflet fidèle de la façon dont les auteurs africains voient leur propre civilisation »37 et entend faire « apparaître la contribution des Africains au développement de l’humanité »38. x��ZK����)jY-�K���+Y"l�e�#{AiA�"9D�P3�`@��-�'�Qx���������� ��Df��ED�:3��П��g�O���{�vs�)���.�\�`��M�>�ϔ�����vM�W�t����~�`�X9d�Ę��:�Q^}��1��In>��G����|IT獄����i��R[oS�Vw��%��j���'���C&�+�N�M��� �>�D㜍�ǁ6�:T7S���qp :�g�h|�]u����>A:�3����>�nf��XY��R��R ��]l�n{��6���!� �`�����;{�y��E�'cM���T���%�����X�R$��kWS���&r���:�X����ӹ�w���R�߷}��џ����]rL��s����D�C�_���R�T}-)��?�:�R]��F�&�T���Y����g&�#&����a:e�JZ�@,��g��P��pn��V�[^�b����Ż�w��J �i�v&��D8C-��ѝ=ޜ}����ĽpnH��f�5!�M\N�X�0�[[Z���:8.v��&�owiH5Uo㠘�w����:d�/b�'��]�I�B��R����C�Ä����lwq��Ǭy��B1�?,m���';7$kk�_�h%�����⬦���Ү����t�/>R�4C����x����pt�;Z����nw�̠� ���F�0*i�+�A�ݐ�b���U�=rR����,�1�f�7��Q(�"�g��{Z�@���98���vWo#b�PR����$:� K?�p�^�p��&����I�;�R���?�Q��[J�j��������(.�1��?5��$��ץ�w �kfi�j_���A��p�Gs(�g�a��ѹj�2 �\�D�Z%�R�(���+'���Ym/��y�������1 !���+�I��cq��Í����j�. 122 CLT/CID/136 : lettre de Mamadou Seck à ADG/CC, 11 juin 1987. Professeur d’histoire au moment de l’indépendance, il fut longtemps directeur du département de Langue et Lettres malgaches de l’Université d’Antananarivo. Dans cet esprit, à partir de 1964, l’Unesco a promu la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique (HGA), qui a été publiée entre 1980 et 1999. 12-14 ; B. La mise en parallèle de la puissance militaire de l’Ouest africain, comme le Ghana et le Mali, avec les faiblesses de la France capétienne à la même époque, la valorisation du rayonnement religieux du royaume du Congo au xve siècle, de la richesse culturelle du Bénin, de la force d’attraction politique au xviiie siècle en Afrique centrale de l’empire Lunda, en sont des caractéristiques. Ils réhabilitent les grands conquérants africains, diabolisés par l’historiographie européenne de l’époque coloniale. Achetez neuf ou d'occasion L’Unesco envisage désormais de créer un site web, des cd Rom, des émissions de télévision, des BD pour valoriser l’hga121 (le projet de bd, ancien, avait rencontré des difficultés dans les années 1980, et n’avait pas été réalisé)122. 52Un autre problème est la difficulté des auteurs africains à écrire leurs chapitres en raison d’un manque de matériaux bibliographiques dans les bibliothèques africaines98. L’Histoire générale de l’Afrique s’insère dans un projet plus global mené par l’UNESCO qui est celui de l’élaboration d’Histoires générales et régionales cherchant à promouvoir une meilleure connaissance entre les peuples et la compréhension des modes de vie de chacun, dans le but de bâtir la défense de la paix dans les esprits des hommes et des femmes. Et dans le volume viii sur le xxe siècle, elle affirme que « les injections de capitaux et les transferts de technologie se font surtout au profit de certaines oligarchies nationales ou des firmes multinationales » (Unesco 1998, viii : 345)85. 27Le panafricanisme apparaît clairement dans la structure de l’hga, où plusieurs chapitres sont consacrés à l’Afrique dans son ensemble45. Glélé, M., 1981, Religion, culture et politique en Afrique Noire, Paris Economica/Présence Africaine. Les retards sont l’un des principaux problèmes : le projet a été lancé en 1964, le délai initial était de dix ans, or ce délai a finalement presque triplé91. Ce projet est représentatif de la forte demande de reconnaissance de son identité du continent à partir des années 1960. 38 CLT/CID 4 : mémo Unesco, février 1987 (bulletin pour la presse). 29 : E. K. Kouassi, « L’Afrique et l’ONU », p. 959, citation p. 961. 639, 695. Le texte affirme aussi, se référant à Julius Nyerere, que « si nombre de dirigeants du continent adoptèrent le socialisme, ce fut aussi, […] qu’il s’accordait bien avec le mode de vie africain : les Africains n’avaient pas besoin qu’on le leur enseigne, car il était déjà ancré dans leur société traditionnelle » (Unesco 1998, viii : 895-896)76. VIII, chap. Catherine Coquery-Vidrovitch, associée à ce projet de manuels africains estime pour sa part « que ce n’est pas sérieux de faire un manuel à partir de l’hga qui est ancienne ». Le rôle important donné à ces historiens africains dans ce projet contraste avec le précédent projet historiographique de l’Unesco, l’Histoire de l’Humanité, qui avait été publiée en 1968, et dont la composition de la Commission internationale chargée de la rédaction était marquée par un net déséquilibre en faveur des Occidentaux (Maurel 2010)4. L’unité et la continuité de cette équipe soudée autour d’un chef de section particulièrement consciencieux qui a pu galvaniser les énergies d’un comité scientifique aussi vaste que dispersé, ont été des facteurs déterminants de réussite »16. 33Parmi les États ayant accordé des financements extrabudgétaires pour l’hga, il y avait en particulier la Libye, qui y a contribué de manière importante de 1978 jusqu’à la chute de Khadafi55. Dans cet article fondé sur l’étude des archives de l’Unesco (rapports, correspondances, articles de presse) et sur des entretiens inédits, il conviendra de présenter les acteurs du projet, le mécanisme mis en place, les étapes de la réalisation, de souligner le caractère afro-centré du projet et sa dimension politique, avant d’analyser les difficultés rencontrées et d’évaluer la diffusion de l’ouvrage.